Depuis une dizaine années, il existe un véritable engouement chez nous pour Bollywood. Plus que l’aspect purement cinématographique de cet aaspect du cinéma indien, l’image de Bollywood semble avoir pris une place prédominante dans nos esprits, aux dépens d’autres aspects plus sérieux de l’Inde. Qu’en est-il vraiment?
Le mot « Bollywood » est un amalgame de Bombay, ancien nom de Mumbai, où il tient son siège, et d’Hollywood. LA référence du cinéma américain. Principalement en Hindi, mais aussi dans les différentes langues indiennes, ce genre cinématographique est très populaire ; il associe histoire de famille et d’amour dans les pures traditions culturelles de l’Inde, à quelques situations dramatiques liées justement à ces principes. Il apporte également toute son originalité par ses élans musicaux et chorégraphiques. Les indiens en raffolent : plus qu’un moment de détente, c’est aussi une fête et les acteurs s’en font leur spécialité. C’est ainsi que nous connaissons AB, SKR ou AR. S’il était particulièrement populaire dans les années 60, dans le sens péjoratif du terme, il en est devenu une réelle industrie, ayant les mêmes exigences que les productions occidentales. Des grands films
C’est une industrie florissantes en Inde et à l’étranger. Ainsi plus de 1000 films sont tournés chaque année. Le cinéma et la télé réunis ont généré des recettes de 7,7 milliards de dollars en 2008, un chiffre qui devrait quasi doubler d'ici 2015. C'est encore inférieur à celui réalisé par les studios américains, mais les productions, même les plus ambitieuses, telles devdas (8 millions d'euros), coûtent encore beaucoup moins chères que les films américains. et les spectateurs indiens, eux, sont par contre deux fois plus nombreux qu'aux États-unis. en dépit du piratage, les salles de cinéma en inde ont fait 3 milliards d'entrées en 2009.
En 2010, Le groupe Reliance était même dans les rangs pour le rachat des célèbres studios de cinéma hollywoodiens Metro Goldwyn Mayer (MGM)
Fortes de leur succès local et poussées par la diaspora présente à l’étranger, les sociétés de production conquièrent peu à peu le marché mondial. Si les histoires familiales (sous fond de mariage arrangé) frisent quelque peu le ridicule aux yeux des européens plus indépendants, le folklore n’en reste pas moins magique avec son lot de couleurs, de fantaisie et d’enthousiasme.
Les acteurs-célébrités tournent plusieurs films par an, leur présence caractérise aussi ce genre de cinéma.
Tout ce qui expliquerait bien l’intérêt que peut susciter ce Bollywood dans le monde entier.
D’ailleurs, de plus en plus d’étrangers (20 % en 2011) fréquentent les cours d’art dramatique et les écoles de cinéma de Bombay ; ils y discutent des scripts de Bollywood, regardent des classiques en hindi ou s’entraînent au kalaripayattu [art martial]. Et, même si Bombay compte plus de cours d’art dramatique que d’écoles de cinéma, les cours de montage, de cinéma, de mise en scène et d’écriture de scénarios sont de plus en plus populaires. On trouve même une française actrice de bollywood : kalki ….parlant couramment l’Hindi et qui vient de tourner un best-seller
Ceci dit, il serait réducteur de s’arrêter là concernant l’Inde et son cinéma.
En effet, l’Inde possède un autre cinéma, plus discret, et qui commence à se faire connaître : ce que nous appellerions « film d’auteur » apportant témoignages sur la vraie société indienne et ses difficultés. Ainsi, de plus en plus de films mettent en scène l’Inde d’aujourd’hui, faisant face à ses traditions, à sa culture, alors qu’elle est d’autre part tentée par le modèle occidental, plus individualiste, certes mais offrant souvent davantage de liberté. Un récent exemple nous est apparu lors du festival de Cannes 2010, lors de la distinction d’un film indien « Udaam ».
Les acteurs bollywoodiens ont souvent la mauvaise –mais réelle- réputation de n’avoir aucune formation et de n’être arrivés sur le plateau qu’en étant la fille ou le fils de- . Une nouvelle vague d’acteurs serait en train d’émerger, eux sortis de cours plus formateurs. L’Inde recèle aussi de bons instituts de cinéma.
françois
S’il est vrai qu’une certaine indianité se retrouve dans Bollywood avec sa musique, ses danses, la mimique des acteurs, les costumes, il n’en reste pas moins que l’engouement dont ce style de films jouit chez nous et sa réputation d’incontournable aspect de l’Inde moderne, ne sont pas vraiment justifiés.
En effet, il y a très peu d’originalité dans le cinéma populaire indien d’aujourd’hui : les scripts des films indiens sont, la plupart du temps, copiés de films étrangers, scène par scène, dialogue par dialogue. Pour n’en citer qu’un, « Bheja Fry », un succès récent du film hindi, a été entièrement calqué, jusqu’au moindre détail, sur le « Le Dîner de cons ». Quant aux comédiens, contrairement aux acteurs européens ou américains, ils ne sortent pas de cours d’art dramatique mais sont souvent les enfants de stars, de personnalités publiques ou même politiques. Les acteurs indiens sont toujours doublés par des professionnels pour les chants et les cascades, et les scénarios frôlent généralement le peu plausible, sinon le ridicule.
Malgré tout, Bollywood évolue et les scénarii se font plus contemporains et réalistes, d’une part, parce que beaucoup de films sont plagiés sur des films américains, d’autre part parce que le public recherchent l’humour des situations décalées. Les indiens rient de leurs propres conditions tout en se laissant influencer par des caractéristiques occidentales.
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