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Photo du rédacteurFrancois Gautier

EASY RIDER IN INDIA

Depuis une quinzaine d’années, l’Inde est envahie par des motos japonaises, ces machines stéréotypées, généralement de faible cylindrée, sans âme ni originalité, que l’on retrouve partout en Asie. Heureusement pour nous, deux motos légendaires, qui ont pour nom la « Royal Enfield Bullet » et la « Sooraj », règnent toujours sur les routes indiennes. Elles sont les descendantes d’une longue tradition de belles motos.

Dès les années 20, les Britanniques commencèrent à importer en Inde des Norton 500cc, utilisées par la police, motos qui faisaient une pétarade effroyable, suffisant à terroriser la population ; l’armée anglaise, quant à elle, affectionnait des BSA modèle 1929, souvent assujetties d’un side-car, où, en uniforme khaki et casque colonial, un officier très digne représentait les intérêts de la Reine aux quatre coins du royaume. Mais ce sont les maharajas (adorés comme des dieux par leurs sujets, qui chaque année les pesait contre leur poids d’or), qui achetèrent les plus belles motos européennes. On en retrouve encore certaines aujourd’hui, soit dans des musées, où elles ont été amoureusement préservées, ou bien dans un obscur garage de village, où une moto abandonnée dans un coin, couverte de poussière et de toiles d’araignée, se révèle être une Triumph 1933.

A l’indépendance, le gouvernement indien décida de démocratiser la moto. On chercha une machine fiable, robuste, pas chère et simple à entretenir, qui pourrait devenir le cheval de lance de la classe moyenne indienne. Les Indiens achetèrent donc à Royal Enfield-Redditch, les inventeurs du fameux fusil Enfield, la Royal Enfield « Bullet », conçue en 1941, qui règne encore aujourd’hui, sur les routes indiennes. La Bullet 35Occ (ou 500cc) est un petit bijou de moto comme on n’en fait plus aujourd’hui, produite en Inde à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires par an, un rêve d’aficionado que l’on peut se procurer pour un peu moins de deux mille cinq cents francs ! D’accord, la forme est démodée, le carburateur est désuet, le système électrique est antique et la lumière insignifiante, mais le moteur est un amour et il pétarade joliment comme aucune moto japonaise ne le fait ! Cette machine est également increvable: les Bullets de l’armée indienne sont revendues aux civils après 200.000 kilomètres, repeintes et remises à neuf – et hop, c’est reparti pour 20 ans. Les touristes avertis achètent cependant une Bullet neuve lorsqu’ils débarquent à Delhi, ou à Madras, font le tour de l’Inde sans un pépin, et la revendent six mois et 10.000 kilomètres plus tard pour à peu près le même prix qu’ils l’ont achetée !

Prenez une ossature de Bullet et ajoutez-y un moteur diesel de pompe à eau et vous avez la Sooraj 500 cc, unique au monde, pur produit de l’ingéniosité indienne. Les données techniques de la Sooraj sont étonnantes, et elle consomme peu : il vous en coûtera seulement cinq francs pour faire 300 kilomètres! La Sooraj fait un bruit effroyable de tracteur et est lourde, mais c’est le véhicule idéal des paysans indiens qui l’utilisent pour transporter n’importe quoi : une pompe à eau, ou même une vache malade jusqu’au prochain vétérinaire qui se trouve à 2OO kilomètres! Si vous avez l’intention de faire beaucoup de route en Inde, nous vous conseillons d’en acheter une (même prix que la Bullet), et de la rapatrier par bateau (environ 800 francs). Vous ferez effet sur les routes suisses !

En cas de pépin, ou de crevaison, les mécaniciens indiens sont les plus incroyables bricoleurs du monde: Il faut avoir vu ces gamins de quinze ans confectionner un joint de suspension ou une valve de carburateur, dans des petits cagibis de bambou aux toits de feuilles de palmier ; ils vous réparent n’importe quoi et vous façonnent des pièces de rechange qu’en Occident vous devez achetez à prix d’or. Et ce qui est merveilleux c’est qu’il y en a partout, jusque dans les coins plus reculés du pays ; et même les réparateurs de vélo vous dépanneront.

Alors si vous partez en Inde et si vous êtes un amoureux de la moto, ne ratez pas cette occasion: achetez-vous à votre arrivée une Royal Enfield Bullet, ou une Sooraj. Non seulement vous irez dans des recoins de l’Inde où nul tour accompagné ne vous emmènera, non seulement vous aurez une liberté exceptionnelle, mais vous verrez l’Inde du dehors, humant les senteurs des plaines du Kerala, les parfums des contreforts des Himalaya, ou l’odeur extraordinaire de la baie du Bengale, lorsque vous atteignez la côte Coromandel. Bon Voyage.

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Meilleure période pour faire l’Inde à moto: de Novembre à mars ; mais si vous ne craignez pas les chaleurs moyennes (35° dans le Kerala en mai-juin), vous pouvez vous rendre toute l’année dans le sud, sauf peut-être pendant la mousson (juin au Kerala, octobre, Tamil Nadu – mais ceci aussi a son charme)… Emporter des vêtements amples et légers, un bon imperméable en cas de pluie, des lunettes de montagne pour les ultraviolets, une pieuvre pour vos bagages, une bonne crème solaire et anti-moustique, des pilules pour purifier l’eau, de l’immodium‚ pour les maux d’estomac et de la nivaquine en prévention de la malaria; Tout le reste vous pouvez l’acheter sur place, y compris le casque.

Comment vous procurer une moto d’occasion en Inde? Faire les annonces des journaux, allez voir les mécaniciens et pour une moto neuve, rendez-vous chez le concessionnaire Enfield que l’on trouve pratiquement dans toutes les villes. Une Bullet neuve coûte environ 1000 Euros et vous pouvez trouver un bon modèle d’occasion pour 600 Euros. Idem pour la Sooraj qui a l’avantage de marcher au diesel. Prix d’un litre de pétrole 95 centimes et 60 pour un litre de diesel. Arriver avec votre permis de conduire international, valable ici ; l’assurance est bon marché, environ 40 Euros par an pour une assurance au tiers et la vignette s’achète auprès du Motors Vehicles Office. Pour revendre votre moto, même procédé: allez voir un mécanicien qui vous mettra en contact avec un acheteur pour une commission de 2OO roupies (1 Euro = 70 roupies). Pour les longues distance, mettez la moto dans le train (elle peut voyager avec vous si vous vous rendez une heure à l’avance à la gare), il ne vous en coûtera que quelques dizaines de francs. Mais attention, soyez présents pendant le chargement et déchargement pour éviter toute casse.

ENCADRE : L’USINE ROYAL ENFIELD EN INDE

Inde du Sud: Madras, capitale du Tamil Nadu. Enfield, proclame une énorme pancarte. » Ici, vous entrez dans la légende, explique Mr Murali, Directeur de la vénérable firme Royal Enfield India, car vous allez visiter l’usine qui fabrique la moto la plus produite au monde : il en existe plus de 2.4 millions qui roulent en Inde ». « .

L’usine Royal Enfield de Madras fabrique en effet depuis plus de 60 ans cette moto de légende. A l’entrée, spectacle incongru, la statue d’un dieu devant lequel brûlent une lampe à huile et des bâtons d’encens, alors que des hommes en combinaison bleue vaquent dans tous les sens. C’est du travail à la chaîne… à la main! Le moteur est fixé à la carcasse de la Bullet, qui est suspendue à une sorte de cintre, qui est poussé manuellement vers le prochain ouvrier. L’un monte les gardes boues, puis coulisse la machine vers son compagnon suivant, qui visse l’assemblage phare, clignotants et ainsi de suite. A côté, un vieil homme aux lunettes rafistolées, visse patiemment, un à un, les rayons des jantes, tandis qu’un autre vérifie mécaniquement la parfaite rondeur de la roue et que le dernier monte la chambre à air et le pneu. « C’est du travail d’artiste, commente Murali; certains de nos ouvriers sont là depuis 50 ans: Royal Enfield, c’est toute leur vie. »

Enfin, les motos sortent de la chaîne: noires rutilantes pour le marché indien; rouges chromées pour l’exportation; vertes pour l’armée; blanches pour la police indienne.

« Nous exportons aujourd’hui dans une douzaine de pays, explique M. Murali, dont le Mexique, les Etats Unis, le Canada, ainsi que toute l’Europe » La Royal Enfield 500cc,d’exportation que l’on trouve donc en Europe est en fait une 350 dont le haut-moteur a été réalésé de 346 à 499 cc, grâce à une valeur d’alésage et de couple passant de 70 90mm à 84 90 mm, ceci afin de faire tomber le taux de compression de 7,25 à 1 pour la 350 à 6,2 à 1 pour la 500, qui y gagne tout de même quatre chevaux ». Elle fait vraiment dans le rétro: chromes à gogo: garde-boue, réservoir, échappement aux lignes parfaites; l’avant elle, est fidèle aux belles Anglaises des années 30: compteur sobre, ampèremètre permettant de déceler le point mort et gros interrupteur noir pour les phares. Du côté moteur, c’est du solide: une fois que vous enfourchez la Bullet, vous découvrez qu’elle est lourde (163kg), mais stable. Appuyez sur le starter au-dessus du carburateur Mikumi, un petit coup de kick… et le « pat-pat-pat- » des Bullet, pétarade unique au monde, vous ravit les sens. La Bullet n’a pas une accélération des plus fulgurantes, mais elle monte confortablement à 130… et n’en bouge plus. La tenue de route est bonne et elle avale les kilomètres sans problème; seuls les amortisseurs arrière (sous licence Girling) sont un peu durs et on aura raison de les changer. Le freinage, à tambour, comme au bon vieux temps, se révèle suffisant.

Fiche technique

ARCHITECTURE MOTEUR Monocylindre quatre temps-culbutéALESAGE COURSE 84 90CYLINDREE 499 cmTAUX COMPRESSION 6,2 à 1PUISSANCE MAXIMALE 22 ch à 5200 tr/mnCARBURATEUR Mikcarb VM 28ELECTRICITE Batterie 12 v 5,5 ah, allumage parBOITE DE VITESSES Rupteur 4 rapportsCADRE Simple berceau en tube d’acierSUSPENSIONS AV télescopique débattement 150 mmAR amortisseurs débattement 120 mmPNEUS AV 3,25 19 AR 3,50 19FREINS A TAMBOUR AV diamètre 177 mm double-cameAR 153 mm simple-cameHAUTEUR DE SELLE 850 mmPOIDS A SEC 163 kgCAPACITE ESSENCE 14,5 dont 1,25 de réservePRIX Environ 2300 francs (en Inde)

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