Sri Aurobindo (1872-1950), incarnait à la perfection la fusion entre l’Orient et l’Occident, la synthèse entre le génie du matérialisme et la pensée indienne spiritualisée. Né le 15 Août 1872 à Calcutta, il est envoyé à l’âge de 5 ans étudier chez les frères chrétiens à Loretto, dans les Himalaya. Puis, son père, qui veut lui inculquer une éducation entièrement occidentalisée, l’expédie en 1884 en Angleterre, dans la fameuse école de Saint Paul’s. En 1890, Sri Aurobindo est admis à l’université de Cambridge, où il se révèle un brillant élève, sortant premier de sa classe en grec. Il est également reçu au prestigieux concours de l’Indian Civil Service, berceau des futurs hauts bureaucrates de l’empire de sa Majesté – mais il refuse de passer l’examen hippique, obligatoire à cette époque – et est disqualifié. Après 13 années en Angleterre, il retourne en Inde le 6 février 1893, à l’âge de 20 ans. Recruté par le maharaja de Baroda, il enseigne le Français et l’Anglais au collège royal, avant d’en devenir le directeur. Puis, tout d’un coup, Sri Aurobindo, qui ne connaissait rien de son pays, se met à l’étude du Sanskrit, qu’il lit bientôt dans le texte. Il entreprend alors de déchiffrer les Védas, les textes les plus anciens et sacrés de la littérature sanskrite, dont il retrouve le sens caché. Ensuite, il devient un des leaders du mouvement de la libération de l’Inde. Emprisonné pendant un an pour sédition, Sri Aurobindo s’adonna à la méditation. Libéré, il prit refuge dans l’enclave française de Pondichéry où il se consacra exclusivement à l’écriture et à la pratique de son yoga.
Peter Heehs, historien connu (India’s Freedom Struggle 1857-1947 [Oxford University Press, 1991] et Indian Religions, The Spiritual Traditions of South Asia [(New York University Press, 2002] ), qui travaille au service des Archives de l’ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry, a écrit une biographie de Sri Aurobindo, qui vient d’être remarquablement traduite par Patrice Ghirardi, lui aussi un disciple de Sri Aurobindo, ayant vécu dix ans à Auroville (la cité internationale près de Pondichéry, qui s’inspire des idéaux de Sri Aurobindo). Peter Heehs n’a pas cherché à plaire, contrairement aux autres biographes de Sri Aurobindo, qui à la manière indienne, encensent leurs sujets, sans chercher à aller plus profond. Ainsi, il n’occulte pas toute la période révolutionnaire de Sri Aurobindo, qui, le premier, avait prêché de se débarrasser des Britanniques – par la force si nécessaire (c’est le groupuscule qu’il avait fondé, qui fut plus tard responsable d’attentats à la bombe contre les autorités anglaises) – période que tous ses biographes, et même de nombreux disciples, préfèrent aujourd’hui passer sous silence. C’est aussi la première biographie de Sri Aurobindo qui soit impeccablement documentée : Peter a sillonné toute l’Inde, s’est rendu en Angleterre et a même visité la France, où il a parcouru les archives du Dépôt d’Outre Mer d’Aix en Provence (autrefois Archives Coloniales), ainsi que les Archives Nationales, où se trouvent des comptes-rendus de police des réunions secrètes en 1906 entre des révolutionnaires bengalis appartenant au groupe de Sri Aurobindo et des révolutionnaires russes (rien n’en sortit). Si vous voulez donc découvrir cette extraordinaire personnalité qu’était Sri Aurobindo : nationaliste, poète, philosophe, yogi, prophète du Nouvel Age – et francophile (il disait toujours qu’il se sentait plus proche de la France que de l’Angleterre) – lisez donc la biographie de Peter Heehs. La Vie de Sri Aurobindo
Peter HEEHS
ÉDITIONS DU ROCHER
Traduit de l’anglais par Patrice Ghirardi.
250 pages ; 19.50 euros
ISBN : 2 268 04477 7
Distribution : SODIS (01 60 07 82 00)
Paru le 3 avril 2003
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