Par François Gautier (*)
Aujourd’hui, le regard le plus important qu’un pays puisse poser sur un autre, c’est celui que l’on porte sur son économie. Au 21ème siècle, la puissance d’une nation découle de l’importance de son économie et non de son pouvoir militaire. Le regard que la France pose sur la Chine est d’abord économique – et non culturel ou folklorique ou culinaire. Le respect que nous avons pour les Chinois n’est pas forcément basé sur une sympathie, mais plutôt sur son économie – et quelquefois même sur une crainte, comme lorsque nous n’osons pas recevoir le Dalaï lama officiellement, par peur de représailles économiques. De même le pouvoir militaire chinois, de plus en plus dominant en Asie, repose sur la puissance de son économie.
En France, nous aimons l’Inde, soit. Nous aimons sa cuisine, ses danses, sa spiritualité parfois, ses gens même. Cependant, une fois passés au-delà des neuf clichés décrits précédemment, notre admiration pour l’Inde reste passive et sans conséquences : nos investissements y sont négligeables (voir tableau ci-dessous) et nous continuons d’ignorer l'importante position géostratégique de la nation indienne. Dans ce chapitre, nous devons donc disséquer le plus grand cliché qui perdure dans notre esprit, contre lequel butent toutes nos bonnes intentions : celui de la pauvreté.
Oui, il existe encore en Inde de la misère et d’indéniables fossés entre les très riches et les plus pauvres. Oui, il arrive parfois aux défenseurs acharnés de l’Inde que nous sommes, d’être choqués par les conditions de vie dans certains villages. Oui, la colonisation de l’Inde, à laquelle la Chine a échappé, a fait des dégâts qui persistent aujourd’hui. Oui, les bidonvilles en Inde constituent encore un phénomène de l’urbanisation galopante du pays….
… Toutefois, il s’est créé depuis une dizaine d’années une classe intermédiaire entre les nantis et les démunis ; la prospérité a atteint de nombreux villages en Inde –il n’est pas rare aujourd’hui de voir un paysan ou une villageoise avec son portable ; et ceux qui connaissent un peu les bidonvilles de Bombay, savent que la plupart de leurs habitants appartiennent à la toute ‘petite’ classe moyenne (considérant ici le revenu indien), que chaque maison de ces bidonvilles possède sa propre antenne de télévision et que la plupart de leurs habitants travaillent dans la ville.
En un mot, la pauvreté en Inde est devenue non seulement un mythe, mais en plus, elle a été exploitée, quelquefois innocemment, souvent à mauvais escient.
Le livre de Dominique Lapierre La Cité de la Joie, par exemple, sans aucun doute remarquablement écrit par un connaisseur de l’Inde, s’attarde lourdement sur un seul aspect de la vie indienne - en l’occurrence les bidonvilles de Calcutta - et tend à nous faire croire que cet aspect partiel constitue le tout. On aimerait penser que l’auteur n’est pas conscient du mal qu’il fait à ce pays, mais il n’en est rien : à ce jour, la même version du livre a été traduite en 31 langues et son tirage dépasse plus de 40 millions d'exemplaires. Dominique Lapierre vient chaque année en Inde et il doit constater que le pays progresse à pas de géants. Pour se déculpabiliser sans doute, l’écrivain a créé une fondation internationale à laquelle il reverse une partie de ses droits. Son action se concentre sur la scolarisation des enfants, dans l’ouverture de dispensaires et d’hôpitaux, dans la création de puits d'eau potable. Cependant, ne ferait-il pas mieux d’utiliser sa renommée et ses considérables revenus (un autre de ses best-sellers, “Cette nuit la Liberté”, fausse considérablement l’histoire de l’indépendance indienne, en octroyant le beau rôle à Lord Mountbatten, le dernier des vice-rois britanniques de l’Inde, partiellement responsable de l’horrible tuerie interreligieuse de 1947), pour écrire des articles, des livres, donner des conférences, qui essaieraient de corriger la fausse impression de pauvreté généralisée propagée dans « La Cité de la Joie » ?
Plus près de nous, le film Slumdog Millionnaire véhicule également une image terrible de l'Inde : bidonvilles, exploitation, pauvreté, corruption, pogroms antimusulmans. Etonnamment, il a remporté un succès époustouflant en Occident, raflant non seulement des Oscars à la pelle, mais faisant salle comble dans le monde entier.
Comment expliquer que ce film, qui littéralement défèque sur l'Inde dès les premières images (un enfant qui plonge dans une mer de merde pour obtenir un autographe d'Amitabh Bacchan, un célèbre acteur indien, situation extrêmement improbable), fasse un tel tabac ? Certaines des scènes du film n'existent que dans l'imagerie pervertie de Danny Boyle, le réalisateur britannique (encore eux !), car on ne les trouve pas dans le livre, dont le film est tiré, écrit par Vikas Swarup, diplomate indien. Ainsi, le héros du film Jamal, n'est pas musulman, mais à religions multiples : Ram Mohammad Thomas ; il ne passe pas son enfance à Bombay, mais dans un orphelinat catholique de Delhi ; la mère de Jamal n'est pas assassinée par des ‘Hindous fanatiques’ dans le livre, mais elle abandonne son nouveau né, dont on ignore la religion, dans une église. Torturer le garçon n'est pas une idée du présentateur de télévision, mais d'un Américain qui en veut à un Russe ayant racheté les droits du jeu télévisé. La scène larmoyante des trois enfants abandonnés sous la pluie n'est également pas dans le livre. Jamal et son héroïne ne se rencontrent que lorsqu'ils sont adolescents ; ils vivent dans un appartement et non dans un bidonville.
Le cliché pauvreté
Sommes-nous donc si attachés à la pauvreté en Inde ? Ce cliché suprême incarné par Slumdog Millionnaire, correspond-il à une complaisance en nous, un complexe de supériorité qui se cache à lui-même ? Un amour qui perdure pour les clichés de Kipling et d’Hergé sur les Indes ? Essayons donc de briser ce cliché.
Tout d’abord, il n’y a pas si longtemps, l’Inde était sans doute le plus le pays le plus riche au monde. Dans un traité de géographie moderne publié en 1870, l’abbé de la Croix décrit ainsi le port de Sourat au Gujurat : “c’est la ville la plus marchande de toute l’Asie. On y trouve ce qu’il y a de plus rare dans l’Orient : étoffes de soie, de coton et d’or ; drogues, épiceries, perles et diamants. On y voit des marchands de toutes les nations : Français, Anglais, Portugais, et Hollandais qui y font grand commerce. Ce qu’il y a de désavantageux c’est que les Indiens faisant peu d’usage des marchandises d’Europe, excepté du fer, qu’on importe en grande quantité, il faut presque tout payer en argent”
Comment donc l’Inde s’est-elle appauvrie ? D’après les statistiques britanniques, un million d’Indiens moururent de famine entre 1800 et 1825 ; 4 millions entre 1825 et 1850 et 15 millions entre 1875 et 1900. Ainsi, 25 millions d’individus périrent en 100 ans, près de 10% de la population, un rien ! C’est pourquoi, au début de notre siècle, l’Inde, dont on disait autrefois que c’était “le pays où coulent le lait et le miel”, était exsangue, anéantie, vidée de ses ressources naturelles. Heureusement, des visionnaires comme Jamshedji Tata, père du groupe Tata, démarrèrent –malgré la résistance britannique - d’importantes industries, (métallurgie), qui assureront la base industrielle après l’Indépendance. Mais dans le domaine du textile par exemple, les Anglais imposèrent une lourde taxe aux exportations, alors que les produits du Lancashire avaient libre accès au marché indien.
Même aujourd’hui, la pauvreté en Inde n’est souvent qu’une façade, car ce pays détient énormément d’argent. Le système socialiste mis en place par Jawaharlal Nehru, puis repris par sa fille Indira et les leaders du parti du Congrès, qui tendait à prendre aux riches pour donner aux pauvres, a eu des conséquences désastreuses. Il a d’abord bénéficié aux riches, qui sont devenus plus riches ; puis les hommes politiques, souvent partis de rien, se sont enrichis pour plusieurs générations, car avant la libéralisation de 1990, ce système centralisé exigeait une permission pour toute démarche. Enfin, il a incité les Indiens à tricher, afin d’échapper au fisc et aux innombrables taxes. Arun Kumar, enseignant d’économie à l’Université Jawaharlal Nehru de New Delhi, estime ainsi que l’économie au noir représente 50% du PIB indien. De plus, selon lui, la corruption et la fraude fiscale feraient perdre à l’Inde 5% de points de croissance annuelle depuis 25 ans.
Les grandes fortunes indiennes feraient pâlir d’envie Lilliane Bettancourt, la première des milliardaires français, avec ses 14 milliards d’Euros. Lakshmi Mittal et Mukesh Ambani, qui sont en tête de la liste des milliardaires indiens, établie par le magazine Forbes, en possèdent le double et se placent parmi les dix plus grandes fortunes mondiales ! Ainsi plus de cinquante milliardaires indiens sont recensés dans le hit parade de Forbes (voir tableau ci-dessous ). Sans même perler des grandes fortunes, on est toujours impressionné en Inde par l’argent que la classe moyenne dépense pour acheter un appartement, ou se faire construire une maison. D’où le sort-t-elle? Savez vous que l’immobilier d’un quartier chic de Delhi (Jorbagh par exemple) ou à Bombay (Malabar Hill), est aussi cher que celui de l’avenue Foch? Pourtant n’y vivent pas que des milliardaires, mais aussi des docteurs des avocats ou des hommes d’affaires !
Ces chiffres sont nécessaires pour que nous changions le regard économique que nous portons vers l’Inde. C’est un pays riche, à la fois dans sa face ouverte et encore plus dans sa face cachée. Remarquez que les Indiens payent souvent cash, même des sommes importantes, gardant à leur domicile non seulement beaucoup d’espèces, mais aussi de l’or (du 22 carats et pas du 18 !). Il est également bien connu que toute transaction immobilière exige que la moitié soit versée au noir, afin d’échapper au fisc. Il est donc indispensable que le gouvernement puisse faire sortir au grand jour l’argent au noir grâce à une amnistie judicieuse. C’est ce qu’avait fait en 1997 P. Chidambaram, alors ministre des finances, en offrant un VDS (Voluntary Disclosure Scheme) aux contribuables. Le gouvernement ratissa 120 milliards d’Euros en trois mois auprès de 3,5 millions de fraudeurs, lesquels déclarèrent volontairement leurs avoirs cachés ! On se demande pourquoi cette opération n’a pas été répétée ? En effet, selon une étude de l’Association Suisse des Banquiers, les Indiens seraient les heureux propriétaires de 1,35 trillion de francs suisses déposés sur des comptes helvétiques. Ils deviendraient alors les champions du monde de la fraude fiscale !
Pourquoi les Français devraient investir en Inde?
L'économie de l'Inde est la 4ª du monde en termes de PPA (Parité de pouvoir d'achat). C’est l'une des destinations plus attrayantes pour investir et faire des affaires dû surtout à sa main d'œuvre qualifiée, à ses ressources naturelles, son marché interne et sa forteresse économique. L'économie indienne a connu d'importants changements depuis l'introduction des réformes économiques en 1991. Ces réformes sont basées sur 3 aspects : libéralisation, privatisation et globalisation. La scène actuelle de l'économie est caractérisée par une croissance consolidée, avec des variables macro-économiques très viables. La croissance du PIB a été de 9.2%. en 2011.
D’après l’EENI (The Global Business School), plus de 380 millions d'Indiens (72 millions de maisons) produisent une recette annuelle de plus de 10.000 dollars (en termes de PPA). Ils seront 550 millions en 2012, selon les estimations. Les réformes économiques ont favorisé un nouvel esprit patronal et le développement d'une économie dynamique soutenue par l'augmentation des recettes par habitant. L'augmentation de c ces jeunes consommateurs urbains a été une caractéristique de ce pays et l’une des raisons de la transformation de l'économie pendant la dernière décennie. Âgés de 20 à 30 ans, ces jeunes consommateurs n’hésitent pas à payer des prix élevés pour acquérir des marques globales ; ils ont l'habitude d'acheter à crédit, des maisons et voitures, ce dont leurs parents n’osaient rêver dans leur jeunesse. Pour eux, la maison est un investissement et la voiture une nécessité.
Dans cet esprit de libéralisation, L'Inde a pris parti d’une série d'accords, dont ceux de libre commerce (TLC's) : Accords de Commerce Préférentiel (PTA) ; Accords de Coopération Économique (CECA), etc. Ces accords sont effectués tant bilatéralement que régionalement. Le secteur industriel consiste principalement en ingénierie, acier, véhicules à moteur, biotechnologie, pharmacologie, traitement d'aliments, mines et minéraux, engrais, etc. Egalement, l’Inde offre d'immenses possibilités pour le développement des infrastructures. De plus, elle a établi une forte base industrielle diversifiée pour produire une vaste variété de biens de base et de capital pour satisfaire les nécessités de divers secteurs, dont l'industrie électrique, la génération d'énergie et la transmission, automobiles, bateaux, avions, industrie minière, produits chimiques, pétrole etc. Le secteur industriel a enregistré une croissance remarquable du 10.3%.
L'industrie des véhicules à moteur est une des plus importantes. En effet, l'Inde est le second producteur du monde de véhicules à deux roues, le cinquième plus grand fabricant de véhicules commerciaux, ainsi que le plus grand fabricant de tracteurs. C'est le quatrième plus grand marché d'automobiles de tourisme en Asie, et le plus grand fabricant de motocyclettes. L’Inde peu aussi se targuer de la voiture la moins chère au monde : la Tata Nano, dévoilée en 2008 et qui coûte moins de 2000 Euros. La croissance de la classe moyenne indienne, l'augmentation du pouvoir d'achat, l'économie locale robuste ont attiré les principaux fabricants d'automobiles vers le marché indien.
La biotechnologie est un des secteurs de croissance la plus rapide ; aussi elle a eu un impact notamment dans l'agriculture, la santé, la transformation industrielle et l'aptitude à soutenir des opérations prolongées environnementale. Les produits biotechnologiques indiens, dont ceux de Biocon, dirigé par une femme, Kiran Mazumdar, ont été placés avec succès sur les marchés globaux.
L'industrie pharmaceutique est l'autre secteur ayant montré d'importants progrès durant les dernières années. Devenant l’une des plus grandes et plus avancées dans le monde. Ce secteur offre d'innombrables opportunités d'affaires pour les investisseurs et les entreprises du monde entier. L'Inde a été reconnue comme l’un des principaux acteurs mondiaux de l’industrie pharmaceutique.
Par ailleurs, l’Inde est aujourd’hui la quatrième puissance agricole mondiale. Les volumes et rendements ont beaucoup augmenté depuis la « révolution verte » ; ses productions de riz, de blé, de jute, de thé ou de lait viennent au tout premier rang et sa balance agro-alimentaire est excédentaire. Ce bilan tient à l’étendue de sa surface agricole utile, aux aptitudes naturelles et à l’intense mise en valeur des terroirs par une paysannerie innombrable – dans le monde, un paysan sur cinq est indien. L’agriculture garde une place considérable dans le pays : ses revenus déterminent le pouvoir d’achat de près de 60 % des ménages – en dépendent aussi, en effet, les industries et services tributaires du travail de la terre, en amont comme en aval. La mousson, qui détermine le succès des récoltes, donne encore le tempo de l’économie et de la vie politique : qu’elle soit tardive ou insuffisante. Dans l'industrie du traitement d'aliments, qui découle de l’agriculture, l'Inde est une des plus grandes du monde en termes de production, consommation, d'exportations et de perspectives de croissance.
En outre, le réseau de télécommunications en Inde occupe le troisième rang mondial et le second dans les économies émergentes de l'Asie. Le marché des téléphones portables connaît la croissance la plus rapide dans le monde, dépassant même la Chine. L'industrie indienne de télécommunications fabrique une gamme complète d'équipements de télécommunications en utilisant les techniques les plus avancées avec des technologies conçues spécifiquement pour satisfaire les diverses conditions climatiques.
L'Inde est le deuxième producteur mondial de ciment, d’après les chiffres de Banque Asiatique de Développement et le premier consommateur de charbon. Sa production d’électricité par le charbon est relativement moderne et compte parmi les meilleures du monde.
Enfin, le software indien et les services relatifs aux technologies informatiques, connaissent une croissance spectaculaire et sont de plus en plus valorisés. Le segment de Business Process Outsourcing (BPO), s'est transformé en un des moteurs fondamentaux de la croissance de l'Inde et de l'industrie de services de software. Deux millions d’actifs travaillent dans les services informatiques. Certains effectuent des tâches banales pour le compte de sociétés étrangères : des banques, des compagnies aériennes, des sociétés d’assurance outsourcent vers l’Inde la saisie de données. D’autres effectuent des opérations plus complexes : les géants de l’informatique mondiale, les grandes sociétés de service informatique (SSII) s’implantent à Hyderabad, Pune et Bangalore, où se concentre le tiers de ces activités. Par ailleurs, les groupes indiens – Wipro , Infosys , TataConsultancy Services … – travaillent désormais pour leur propre compte sur la conception et le développement de logiciels et réalisent eux-mêmes à l’étranger une part élevée de leur chiffre d’affaires. Ces activités valorisent l’avantage comparatif qui singularise l’Inde. Le secteur des services, dans son ensemble, a contribué 68.6 pour cent à la moyenne globale de croissance du PIB entre les années 1990 et 2010.
Le rythme de croissance de l’économie indienne, malgré un ralentissement en 2012 dû à la crise mondiale, est impressionnant et l'Inde est en train de réaliser ce développement en dépit de ses infrastructures et non à cause d’elles. Le trafic routier est en effet ralenti par des routes à voie unique et des surfaces accidentées. Les bateaux prennent presque 96 heures pour charger et décharger dans les ports indiens, environ 10 fois plus de temps qu’à Hong Kong. Et 18% de la population indienne urbaine ne dispose pas de toilettes fermées contre 6% en Chine.
Il y a eu cependant un changement de gouvernement au mois de mail 2014 : le Congrès, au pouvoir depuis dix ans a perdu les élections législatives, à la suite d’énormes scandales de corruption, de la chute de la roupie et de la croissance freinée par les grandes subventions socialistes. Narendra Modi, leader de la droite hindoue, a pris le pouvoir et on s’attend à une importante libéralisation économique, qui va relancer la croissance et attirer à nouveau les investissements étrangers. De plus, ce gouvernement plus nationaliste va sûrement tenir tête à la Chine et forger des alliances avec les Etats Unis et l’Union Européenne, ce qui renforcera sa positions comme alternative économique et politique en Asie du Sud, face à l’hégémonie chinoise.
* auteur de Quand l’Inde s’éveille, la France est endormie (Editions du Rocher, 2013)
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